mercredi 15 décembre 2010

Garde au Samu, 2ème édition

                                                                       Windows, Dentinit

Une semaine déjà a passé depuis cette garde. Je sais, j'avais promis (sur Twitter) de la raconter avant, mais que voulez-vous... (nan, aucune blague ne me vient à l'esprit pour finir cette phrase, tant pis).

C'était donc ma deuxième expérience de médecine d'urgence pré-hospitalière. Comme vous le savez, j'avais hâte de réitérer l'expérience, puisque la première avait été plutôt décevante. Et bien cette fois c'était... à peine mieux (un peu quand même, faut pas faire le difficile).

Arrivé peu après 18h sur place, le temps d'enfiler la tenue, d'aller chercher le bip et de se présenter à toute l'équipe, l'attente a été plutôt longue avant la première sortie. Heureusement cette fois ci ma co-externe de garde était une connaissance, nous avons donc papoté longuement avant d'entamer le repas.

Le bip sonne enfin, pour un transfert d'un hôpital à un autre. Ca sera pour ma collègue. Peu après, deuxième sonnerie. Cette fois c'est pour ma pomme.
On part donc pour une jonction. Pour comprendre ce que c'est, il faut bien imaginer qu'un département est divisé en secteurs en fonction des hôpitaux présents sur le territoire et de la présence ou non d'un SMUR. Ainsi, si tous les appels d'un département arrivent au même centre d'appel, le régulateur du Samu peut évidemment envoyer le SMUR de tel ou tel hôpital en fonction de la localisation géographique de l'urgence. Tout ça dans le but d'arriver évidemment le plus rapidement possible (s'il y a 80 bornes à faire c'est pas gagné...), et de gérer les équipes disponibles pour ne pas être pris au dépourvu si autre urgence survient en même temps. Du coup, dans le cas qui nous intéresse ici, une équipe SMUR d'un petit hôpital du département était intervenue avec les pompiers dans leur secteur géographique. Comme le monsieur devait être emmené au CHU (qui est évidemment notre secteur puisque le SAMU est au CHU), et pour libérer l'équipe afin qu'elle puisse être disponible en cas de besoin sur leur secteur, une équipe du CHU a donc été appelée pour faire une jonction, c'est à dire rejoindre plus ou moins à mi-chemin le VSAV (l'ambulance des pompiers) pour prendre la relève et que l'équipe initiale puisse "rentrer chez elle".

Bon, je ne sais pas si cette explication est bien claire, tant pis pour vous.

Nous partons donc en VLM (véhicule léger médicalisé, autrement dit une voiture avec du matos dedans, généralement un monospace ou 4x4) pour rejoindre le point de rendez-vous convenu. Arrivés bien en avance, nous attendrons 20 bonnes minutes avant de voir arriver nos collègues. A l'intérieur de l'ambulance, un homme d'une soixantaine d'années, avec de violentes douleurs thoraciques et un antécédent d'infarctus 3 semaines auparavant. Sur l'ECG pas de trouble de la repolarisation, mais parfois un bigéminisme (désolé pour ceux qui ne comprennent pas, trop compliqué et chiant à expliquer. Oui, je suis fainéant aujourd'hui).

Evidemment le patient est déjà conditionné (puisqu'une équipe du petit hôpital l'avait pris en charge, vous suivez ou quoi ?), et notre rôle est donc de poursuivre la prise en charge et de le transférer à l'USIC (Unité de Soins Intensifs de Cardiologie, là même ou j'étais en stage il y a un an maintenant). Le monsieur va bien, la douleur diminue grâce à la morphine.

Vingt minutes de route à l'arrière d'une ambulance, debout, quand une femme conduit, c'est l'horreur, je vous le dis !

Peu après notre retour, le bip sonne de nouveau, et ma collègue étant repartie entre deux, c'est encore pour moi. Cette fois, on ne va pas bien loin, dans un des quartiers de la ville. Nous sommes appelés en renfort pour un monsieur ayant bu de l'alcool et pris des médicaments. Le problème est qu'il ne veut pas aller à l'hôpital. Du coup, tous les services d'urgence sont mobilisés. En effet, deux ambulanciers (d'une ambulance privée) sont là depuis 2 heures. Les pompiers sont là, et la police est là. Ben ouais, il ne manquait plus que nous quoi.

Des notre arrivée, la police et les pompiers s'en vont. Genre "ouais, vous avec vos combinaisons blanches et vos manteaux jaunes fluo vous aller le faire changer d'avis, nous on a mieux à faire". Merci pour le cadeau. Monsieur est assis dans sa cuisine, avec la locution d'un mec bourré. Il s'est apparemment trompé de médicaments, mais ses propos sont peu fiables. Il dit qu'il va mieux et qu'on peut partir. Sauf que vu son état, on ne peut pas partir sans qu'il soit au moins surveillé par un proche, sinon emmené aux urgences. C'est ce qu'il a fallu expliqué à son beau-fils qui voulait partir (pour sa défense, il ne lui restait que 4h avant de "se lever" pour aller bosser...). S'en suit une négociation sans fin, plutôt un dialogue de sourd. Devant cette impasse, le médecin (une jeune interne) rappelle le régulateur, qui décide donc de lui envoyer un autre médecin (super donc une équipe d'ambulanciers privés, une patrouille de police, une équipe de pompiers, et 2 équipes de Smur... pour ça), thésé, qui pourra donc signer un certificat d'HDT (hospitalisation à la demande d'un tiers). En l'attendant, le mec devient agressif et le ton monte. D'un coup, il courre vers la fenêtre ouverte, peut être pour jeter sa clope, peut être pour se jeter. Il n'en fallait pas moins pour qu'on le choppe à six pour le coller au fond du matelas coquille (ce matelas avec une pompe à vide pour immobiliser les gens notamment en cas de traumatisme rachidien). Finalement il n'a même pas râlé qu'on l'emmène de force. Sa seule préoccupation était de remonter son pantalon un peu descendu pendant la "bataille".

Je tiens à remercier les pompiers et les policiers de nous avoir lâchement abandonné (s'il n'avait pas menacé de se jeter par la fenêtre, on n'aurait pas pu le prendre de force). Quand bien même ils n'auraient pas pu non plus l'emmener contre son gré (alors dans ce cas, personne ne peut ?), ils auraient au moins pu rester nous protéger devant l'agressivité et le début de violence de cet homme alcoolisé. Mais eux il avaient mieux à faire, pas nous.

A notre retour, j'entame une longue discussion avec un "élève" infirmier-anesthésiste (les guillemets c'est parce qu'il avait bien 30 piges et une dizaine d'années d'expérience comme infirmier). Sur nos études, sur l'hôpital, sur la médecine en général. C'est agréable d'avoir une discussion avec quelqu'un d'intelligent et passionné.

Après ça, ne trouvant pas le sommeil je vais en salle de régulation, écouter un peu ce qui se passe (c'est à dire pas grand chose la plupart du temps au milieu de la nuit). Quand la sensation de sommeil arrive enfin, il est trop tard (ou trop tôt, c'est selon) pour aller se coucher. Une seule sortie dans la nuit, pour ma collègue, pour un homme tombé par la fenêtre.

Au final, comme je le disais, c'était à peine plus intéressant que la première fois. Mais j'y retourne samedi, et cette fois, c'est de 13h à 9h dimanche matin. Avec ça, j'aurai tout le loisir de profiter quand même !

6 commentaires:

Epione a dit…

Est-ce que tu as l'occasion de réaliser des actes quand c'est possible ou tu ne fais "qu'observer/que du boulot d'ambulancier" ?

petitegentiane25 a dit…

bon quand même tu t'es décidé à publié le récit de ta garde aux urgences ! je commençais à désespérer ! je vois que tu as été confronté à la détresse masculine ! un homme alcoolisé ... hum hum ... bon finalement vous l'avez maîtrisé et emmené pour un dégrisement à l'hosto ? ... samedi sera peut-être plus mouvementé vu que tu y es en journée ... en attendant , je cogite une autre version de bûche en verrine ... sans orange ! ... mais tu as tort c'est achement bon (les lardons ont adoré !) allez à très vite . bisous fillot

petitegentiane25 a dit…

j'ai oublié de te dire : je préfère cette banière !

L'Apprenti Docteur a dit…

@Epione : ça dépend. Jusqu'à présent je ne peux pas prétendre avoir fait grand chose. Par exemple pour le patient avec la douleur tho, j'ai juste aidé à remettre les patches pour faire l'ECG et le scoper (bon en même temps y'avait pas grand chose à faire).
Par contre attention, l'ambulancier ne sert pas qu'à conduire le véhicule au Samu ! C'est souvent qu'ils aident à installer le matériel, à préparer ce qu'il faut pour l'infirmier ou le médecin, il fait vraiment partie intégrante de l'équipe.

@Petitegentiane : ouais mais quand même, j'aime pas le mélange orange/choco.
J'ai bon espoir pour cette garde de samedi... on verra !

Narcoz83 a dit…

Bon ben au moins tu testes les modes de transport d'urgence ! Tu voyages debout ou assis ?
Je te propose de tester le Zodiac semi-rigide sur accident de plongée. C'est l'objectif du prochain exercice nécessaire au calage de nos procédures de secours ;-)

Chantal a dit…

J'espère que lors de la prochaine expérience de médecine d'urgence pré-hospitalière soit à la hauteur de vos attentes. Avec le temps qu'il fait, ici, je pense qu'elles le seraient.

Je vous souhaite de passer de belles fêtes de fin d'année et bonne continuation.

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