Arrivé donc à 18h30 dans un service aux premiers abords bien rempli (6 box d'examen remplis + plusieurs patients sur brancard dans le couloir), je rejoins mon co-externe présent depuis 17h.
On fini par nous envoyer faire l'observation d'une dame d'une cinquantaine d'année, adressée par le médecin traitant pour déficit sensitivo-moteur d'un hémicorps, évidemment la 1ère chose qui vient à l'esprit est l'AVC. Sauf que ça collait pas trop avec le terrain de la dame, qui n'avait aucun facteur de risque vasculaire, qui présentait ces symptomes depuis 4 jours... chez une dame ayant des antécédents de cancer du sein, dont le traitement chimio+radio était terminé depuis quelques mois. Après un examen complet (dont un examen neurologique plus ou moins bien, mais pas trop mal pour des externes qui n'ont encore pas fait de neuro), on fait le bon pour un scanner cérébral. Entre 2 l'interne vient l'examiner (lui sait faire un vrai examen neuro), et c'est un peu bizarre parce que les déficits de la dame ne correspondent pas à un territoire vasculaire bien déterminé. Autrement dit, soit elle fait plusieurs AVC en même temps, soit c'est autre chose.
Finalement, le scan est fait, on regarde les images avec mon co-externe jusqu'à ce qu'on trouve une anomalie dans la zone thalamique droite et la capsule interne droite, autrement dit ce qui correspond avec la clinique. On montre à l'interne qui confirme. L'interne montre le scan a la neurologue, qui donne un avis sans appel : métastases de l'adénocarcinome mammaire. Blam, ça vous tombe dessus comme ça. Bon, ben il faut aller l'annoncer. Bien sûr c'est l'interne qui s'en charge. La dame, très courageuse, ne le prend (en apparence bien évidemment) pas trop mal. Elle est motivée pour se battre. On va chercher son mari et sa soeur, l'interne préfère les informer avant qu'ils ne rentrent dans la chambre, pour éviter à la dame d'avoir à le faire elle-même. Là c'était beaucoup plus dur, c'est dur de supporter le désespoir des gens.
Enfin voilà, une garde qui commence bien avec un bon plombage d'ambiance.
Après ça, beaucoup de monde. Des gens un peu bizarre parfois. Des petites réflexions qui font plaisir du genre "ah ben chapeau l'hôpital de PetiteVille !" parce que vous avez expliqué à une patiente que si elle attend dans le couloir c'est que les médecins sont occupés avec des cas plus urgents...
J'en profite d'ailleurs pour passer 2 coups de gueule :
1 - S'il vous plait, si vous voulez vous bourrer la gueule, soit, mais débrouillez-vous pour ne pas venir saturer les services d'urgence, parce qu'en plus de nous prendre du temps qu'on pourrait consacrer à des vrais malades, vous prenez de la place, et le plus souvent, vous puez à 10 mètres à la ronde
2 - Il y en a un peu marre des généralistes (sans vouloir les montrer du doigt, et sans qu'ils soient tous concernés bien heureusement !) qui envoient aux urgences des gens qui n'ont rien d'urgent (genre un patient qui a des tremblements dans les jambes depuis 4 mois... le mec ne se plaignait de rien, il ne savait même pas pourquoi on l'avait emmené là) ou qui écrivent des courriers tellement illisibles que personne n'arrive à les relire. Et pour peu que le patient concerné soit âgé ou pas en mesure de répondre aux questions, on ne sait pas pourquoi la personne est là. C'est un peu gonflant...
Finalement, le PH a bien géré vu la liste d'attente qu'il y avait, et on a fini par aller manger vers 1h30, la situation s'étant calmée. Et ça fait du bien de manger et boire après une journée en stage et une garde qui dure depuis 7h non-stop !
La nuit a ensuite été calme sans pour autant qu'on puisse vider le service. Déjà parce qu'on avait 3 personnes en état d'ébriété et 2 patientes avec intoxication médicamenteuse sous surveillance. Et puis parce que de temps en temps les pompiers nous amenait quelqu'un histoire de nous occuper.
Une de ces personnes était une jeune fille amenée pour une légère alcoolémie mais surtout un gros syndrome dépressif, ayant débuté après son viol par un ex-petit ami un an auparavant. Elle était très nerveuse, n'a pas arrêté de pleurer une seule seconde, mais j'ai pu prendre le temps de bien l'écouter et essayer de l'aider. Même si bien sûr ce n'est pas en 1h de discussion que sont état va s'améliorer. Son histoire faisait vraiment mal au coeur, et elle ne voyait aucune échappatoire possible pour sortir de son état actuel. Finalement, l'interne l'a faite hospitaliser en psychiatrie.
Et puis finalement, après un dernier petit tour pour réveiller et examiner rapidement les éthyliques pour pouvoir les renvoyer chez eux, ma garde a touché à sa fin.
Ce qui était cool dans cette garde, c'est tout d'abord le fait que l'on a pas chômé, mais surtout le fait que j'ai vraiment trouvé ma place dans l'équipe, au point de pouvoir prendre les devants sans systématiquement demander à l'interne ou au PH, et au point que ceux-ci m'ont petit à petit laisser plus d'autonomie, prouvant que j'avais pu gagner petit à petit leur confiance. C'était la 1ère fois où je me sentais vraiment utile à tout moment, et ça change de se sentir "plante verte".
Sinon, j'ai bien commencé mon stage cette semaine, je raconterai mes 1ers jours dans un post suivant. Là, étant debout depuis hier matin (j'ai quand même dormi 1h30 en rentrant ce matin), je suis un peu crevé. Mais c'est de la bonne fatigue, celle qui vous dit "j'ai fait quelque chose de bien". Et ça ça vaut toutes les heures de sommeil du monde !
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