1-14-06 EEG #4, Chera 25
... en pédiatrie !
C'est en effet le service qui m'accueille depuis maintenant un mois. Je vous le rappelle, lors de la répartition "générale" la pédiatrie avait été mon troisième et dernier choix, et je ne savais alors pas dans quelle partie de la pédiatrie je tomberais. Les choix étaient divers et variés, de la réanimation pédiatrique à la médecine de l'ado...
C'est quand même un choc la première fois qu'on arrive dans un tel service. Les chambres sont petites, les patients aussi, il y a des chaînes Hi-Fi dans les chambres, et même l'ambiance est différente. Je ne vais pas m'avancer pour les autres services de pédiatrie, mais chez nous, tout le monde est sympa, de l'ASH au Chef de service, en passant par les infirmières et les internes.
La pédiatrie, c'est un monde à part dans la médecine.
Du coup, notre service est encore plus spécialisé, et par conséquent le nombre de patients n'est pas énorme. Douze lits dans le service, et jusqu'à présent, ils n'ont pas souvent été pleins les douze en même temps. Et comme nous sommes 4 externes, ça fait au maximum 3 patients à connaître chacun... ça fait pas beaucoup. Alors quand en plus il n'y a que 5 lits occupés..
Concernant les motifs d'hospitalisation, c'est au final toujours un peu la même chose (comme dans tout service spécialisé de toute façon. Mais enfin, c'est la même chose tout en étant différent, puisque chaque personne et chaque cas sont uniques...). Beaucoup d'épilepsie, dont notamment une forme particulière, le syndrome de West. On voit aussi quelques méningites, le plus souvent virales et sans gravité. La moitié des enfants adressés par les urgences est là pour des crises convulsives du nourrisson, généralement sans gravité elles aussi. Sinon, il y a parfois des enfants atteints de maladies rares, dont l'évolution est en général fatale, plus ou moins rapidement, avec plus ou moins de souffrance.
Actuellement dans le service, le petit Lucas, 3 mois 1/2, est atteint d'une amyotrophie spinale. Le pronostic est effroyable, il a moins d'un an à vivre. En gros pour schématiser, ses muscles ne se développent pas, il n'a dont pas du tout de tonus (quand on le porte on dirait une poupée de chiffons). Par conséquent, il mourra d'un épuisement respiratoire, les muscles servant à respirer seront trop fatigués pour faire leur travail. Il était déjà là à notre arrivée dans le service, entre deux il a été transféré dans un CH de la région (pour rapprochement familial), puis a pu sortir. Finalement il est revenu et nous a été ramené par hélico parce qu'il n'allait vraiment pas bien. Le problème est que la famille est un peu prise au dépourvu, puisque le diagnostic a été posé il y a 3 semaines, et qu'on ne peut pas tout leur "balancer" en une seule fois. Le fait que leur petit soit transféré en hélico les a aidé à réaliser... Ce n'est pas très gai comme histoire.
En ce moment, on a aussi le petit Mattéo. Celui-ci a 6 semaines à peine, et le soucis c'est qu'il a une fracture du tibia gauche, et une ecchymose (un bleu) au niveau du visage. Dans ce cas là, l'équipe médicale est dans l'obligation de faire un signalement auprès des autorités judiciaires. En effet, la première chose à évoquer devant un tableau pareil est la maltraitance. Et ce, quoi qu'en disent les parents, quoi qu'en pensent les médecins. Il faut le faire, c'est comme ça. Après, le procureur décidera des suites à donner en fonction du dossier, ce n'est pas notre boulot. Mais ce n'est pas pour autant facile de notre côté. Nous devons évidemment soigner le petit, c'est notre priorité et notre seul rôle au final. Mais soigner un petit, ça veut bien sûr dire avoir affaire aux parents. Là est toute la difficulté, il ne faut pas stigmatiser ceux-ci, imaginez un peu si l'équipe soignant votre enfant vous regardait comme si vous étiez un monstre, alors même que vous n'avez rien fait de mal à votre bambin, et que vous êtes déjà assez stressé parce qu'avoir son bout-d'chou à l'hôpital c'est déjà assez éprouvant. Dans l'autre sens, il ne faut pas non plus se laisser "embobiner" par des parents qui paraissent aimants et gentils envers leur enfant et l'équipe... mais qui peuvent très bien avoir été un peu fort sur la rouste parce que merde, on n'a pas idée de pleurer comme ça pour avoir le biberon à 3h du matin ! Il y a donc un gros travail à faire sur soi pour rester tout à fait impartial, neutre, et veiller à la sécurité de l'enfant.
Ce qui est le plus difficile dans ce stage (mises à part les choses très graves comme pour Lucas), c'est de constater la différence qu'il existe entre les familles des enfants. Confrontés à la même maladie, certains la vivront mieux parce qu'ils sont bien entourés, parce que les parents les soutiennent, les motivent. D'autres n'ont pas cette chance, n'ont pas des parents aussi présents, et sont parfois même presque livrés à eux-mêmes. Je ne jette pas forcément la pierre aux parents, j'imagine qu'on doit un peu se sentir désemparé lorsqu'on apprend que son enfant ne sera jamais comme les autres, qu'il ne marchera pas, et qu'il pourra à peine communiquer avec vous. Mais on ne choisit pas sa famille...
Malgré ces aspects, qui malheureusement font partie intégrante de notre métier, j'aime beaucoup ce stage et ne regrette donc pas mon choix. Même si je n'ai parlé que des enfants "tristes", heureusement la majorité des enfants que nous voyons ne vont pas si mal, et c'est bien agréable de voir des sourires, recevoir des dessins, et parfois même des bisous de la part de ces humains miniatures !
NB : Les prénoms des enfants ont bien sûr été modifiés dans cet article.
dimanche 31 octobre 2010
Il était une fois...
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4 commentaires:
Enfin la mise à jour ! ;)
C'est ça de travailler avec des enfants, on s'implique bien plus émotionnellement... Mais au moins, ça fait apprendre. Bon courage !
je trouve ça émouvant et vu par où t'es passé le changement a dû être radical et j'espère que ton adaptation s'est bien déroulé. J'ai de la peine pour ces enfants on se sent tellement impuissant heureusement qu'il y a les médecins.
bise et à bientôt!
Un monde à part ... en bien ou en mal ? Je lis le commentaire de Nocfish, et oui, ça doit être sacrément dur parfois :( Mais donner de l'espoir à ces petits bouts qui ont toute une vie à vivre, ce doit être magnifique aussi :D
Oh, ben j'avais pas vu le " Lire la suite " Du coup j'ai la réponse à ma question :(
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