lundi 7 juin 2010

Première revue de l'actualité santé

                                                          Wall-e discovers the internet, Photo David

Comme annoncé, je me lance dans l'analyse de deux études récentes dans le domaine de la relation médecin-malade à l'heure d'internet.


1 - Les étudiants et Facebook

Le dernier numéro de la Revue du Praticien présente une étude fort intéressante sur l'usage de Facebook chez les étudiants en médecine.
Malheureusement le taux de réponse étant assez bas, il n'est pas possible d'en tirer de fortes conclusions. On peut néanmoins constater qu'une part non négligeable d'étudiants envisagerait d'accepter systématiquement toutes les "demandes d'ajout comme ami" d'un patient, tandis qu'une autre grande partie "verrait au cas par cas".
Pour ma part, je n'ai jamais confronté à une telle situation, mais j'imagine que ça finira par arriver. Mais même dans l'hypothèse d'une véritable entente et d'une très bonne relation avec un patient, celui-ci reste un patient. Je pense qu'il y a une certaine limite à ne pas franchir, et d'un point de vue éthique, je ne suis pas sûr que ça soit top de "devenir ami" avec une personne que l'on soigne.
Alors bien sûr, on me dira "mais de toute façon tu n'es qu'étudiant, les conséquences seraient donc limitées". C'est d'ailleurs ce qui ressort également de cette étude, les auteurs estiment que les étudiants ne mesurent pas ces conséquences éventuelles. Sauf que dans 2 ou 3 ans, on sera médecin, et en plus, aussi limité qu'il soit, nous avons quand même un rôle dans l'équipe soignante.

2 - Les médecins, les patients, et internet

http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/3071.asp?rubId=23

Ipsos a réalisé le mois dernier une étude portant sur la recherche d'information par les patients par rapport à leur santé.
La source la plus "consultée" est (et j'ai envie de dire "heureusement" non ?) le médecin, juste devant Internet, les proches, le pharmacien et les émissions télévisées. La confiance envers ces sources est de 90% pour le médecin. Mais 3/4 des internautes considèrent les sources d'information santé sur Internet comme fiables.

Concernant ces mêmes personnes, seuls 9% consultent internet pour vérifier les informations délivrées par le médecin. La plupart le font pour s'informer sur leur pathologie (ou une de leur entourage ou encore juste par curiosité).

Il est par contre à regretter que les 2/3 des personnes consultant des sites internet de santé n'en parlent pas à leur médecin. En effet, les auteurs affirment que pour ceux qui en parlent, la majorité considère que leur relation médecin-patient s'est améliorée et se base sur des échanges plus constructifs, le médecin apportant des précisions et des explications sur ce qu'a lu le patient.

Ce qui me fait rebondir sur les causes motivant les patients à ne pas en parler à leur médecin. Je pense que c'est par "peur" de mettre celui-ci dans une position délicate et qu'il reproche au patient de ne pas lui faire confiance. Et en effet, certains réagissent comme ça. C'est sûr que ça doit sûrement être agaçant d'un point de vue du soignant lorsque le patient arrive avec une liste de questions et de "j'ai lu que...". On doit probablement se sentir bafoué. Ceci dit, il faut bien penser que la grande majorité des patients ne font pas cette démarche dans le but de mettre en tort leur médecin mais bien de se renseigner sur leur santé, et c'est bien quelque chose qu'on ne peut pas leur reprocher !
Pour ma part, je pense que lorsque ça m'arrivera, je serai plutôt satisfait que le père de famille de 120kg et qui fume recherche des informations sur internet par rapport à ses soucis de santé dans le but de comprendre ce qu'il lui arrive pour mieux s'en sortir. Ce qui ne m'empêchera pas pour autant de recadrer le chieur qui remet systématiquement en cause mes diagnostics et prises en charge.

"Cher confrère,
Je vous adresse M. Painintheass, chieur de première catégorie qui malgré nos nombreuses entrevues n'a toujours pas confiance en mes compétences..."


C'est qui le chef ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

completement d accord avec toi ! le fait de s informer sur internet, cela peut servir a se renseigner, a se rassurer sur des petits bobos, mais malheureusement peut aussi rendre hypocondriaque ;
exemple perso : hier soir, symptomes tres angoissants,et impressionnants , j avais une petite idee mais besoin d etre rassuré : si j avais pas consulté cette nuit quelques forums, j aurais appellé sos medecin . Grand nombre des personnes que j ai lu ont couru aux urgences !
je me suis rassuree, j ai calme mon angoisse, j ai evité d encombrer un service d urgence pour quelque chose de bénin, ce qui ne m a pas empeché bien sur de consulter un medecin de jour, pour un vrai diagnostic .....

Anonyme a dit…

pour ce qui est d'accepter un patient en "ami" sur facebook, je pense qu'il faut trouver la juste distance relationnelle, ce qui est important dans la prise en charge d'un patient. des liens sont forcément créés entre soignants et patients mais il ne faut pas non plus tout mélanger, que l'on soit étudiant ou non. enfin, cela n'est que mon avis.
ensuite, pour les informations recherchées sur internet, chaque cas peut être différent. en effet, ça peut être parce que le patient n'a pas totalement confiance en ce qu'a dit son médecin ( il faut donc savoir établir une relation de confiance avec son patient, lui expliquer sa pathologie, etc, en des termes qu'il peut comprendre, c'est-à-dire en prenant en compte le niveau socio-culturel ( sans jugement de valeur, mais on n'utilisera pas les mêmes mots avec un infirmier et avec un ouvrier), le jargon médical est donc parfois à proscrire.
ça peut également être parce que le médecin n'a pas pris le temps de bien expliquer au patient ce qu'il a ( ce qui se voit souvent malheureusement), ou alors justement, du fait du jargon médical utilisé, le patient peut ne pas avoir compris. enfin bon, tout dépend du contexte de l'annonce du diagnostic,etc.
je pense également que certains patients vont sur internet pour se rassurer, pour voir s'il n'y pas d'autres solutions que ce que le médecin à proposer, pas pour vérifier, mais parce qu'ils sont dans une quête d'espoir et de réassurance.

il faut cependant se méfier de ce qu'il y a sur internet! car comme dit dans le commentaire précédent, cela rend hypochondriaque et chaque cas est différent!

Anonyme a dit…

malheureusement grand nombre de medecins ne prennent plus le temps ou ne veulent plus le prendre pour expliquer aux patients ce qu il a, et si besoin de renseignements complementaires, pratiquement impossible de le contacter ! c est aussi une raison pour laquelle, les patients ont moins confiances , ne sont pas satisfaits et vont "vérifier" sur des sites.

L'Apprenti Docteur a dit…

@anonyme 1 : Après, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse, parfois, il faut aller aux urgences quand même, ou appeler son médecin !

@anonyme 2 : je partage ton opinion, merci d'avoir apporté ces compléments d'information à mon article !

@anonyme 3 : je suis d'accord sur le fait que certains se comportent ainsi, seulement l'étude d'ipsos montre quand même que la grande majorité des gens n'est pas dans cette optique là et ne vont justement pas sur internet pour vérifier les informations délivrées par leur médecin... cf. l'article écrit ci-dessus et a fortiori l'étude d'ipsos elle même !



Sinon, pour les 3 : sérieusement, vous pouvez pas mettre un pseudonyme au moins histoire de vous différencier, parce que là c'est vraiment pas évident ! Je comprends le besoin de garder l'anonymat (je suis le premier à l'être ici), mais un pseudonyme permettrait au moins de mettre un nom sur vos commentaires et d'avoir une personne, même "imaginaire", à qui rattacher un discours, d'autant plus si vous êtes amené(e)s à commenter un autre article à l'avenir !
Après chacun son choix bien évidemment, mais ça serait quand même plus sympa !

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