Ma 1ère garde avait lieu de dimanche 10h à lundi 8h avec un ami. Tout s'est bien déroulé même si le début n'a pas été facile.
Arrivés à 9h50, il a fallu trouver comment rentrer dans le service (en fait, demander à l'accueil), où ranger nos affaires, et trouver l'interne de chir. Présentations, rappel que c'est notre 1ère "ah ben ça va être marrant"...
1ère prise en charge, une dame jeune tombée sur le visage, petite plaie à l'intérieur de la bouche et une autre à l'extérieur juste sous la lèvre. Premiers problèmes : comment on écrit l'examen sur l'ordinateur. Deuxième problème : qu'est ce qu'on fait ? Est ce que le panoramique dentaire est justifié ? Réponse : on s'en fout, tu fais une radio quasiment systématiquement. Lla patiente a dû nous prendre pour des branquignoles, et elle a quand même attendu pas mal de temps pour finalement repartir avec un point de colle sur sa plaie... mais nous on avait appris plein de trucs !
Ensuite on a vu plusieurs personnes, à chaque fois il n'y avait pas grand chose, des petites plaies à désinfecter, des gens à rassurer, un plâtre à faire...
Puis, 2 patients avaient besoin de sutures. L'interne m'a pris avec lui pour l'un d'eux, et mon ami est allé avec l'externe de D3 (une année de plus que nous) pour l'autre. Notre patient avait un peu peur. Sa plaie était sur le front donc le champ recouvrait tout son visage et donc il ne voyait rien. Après avoir tout préparé, l'interne m'a fait signe (en silence) de venir et c'est moi qui ait fait les points. Je dois dire que ma main tremblait quand même plus que sur le pied de cochon ! Mais pour ma défense j'étais debout et donc dans des conditions pas idéales pour travailler. J'étais plutôt content de mon travail néanmoins. La peau m'a parue plus souple que sur le cochon. Une fois fini, on a retiré le champ et le monsieur en-dessous était tout blanc
On a fini par aller manger vers 15h, à l'internat (je ne polémiquerai pas sur les
L'après-midi, toujours pareil. De la petite traumato, des petits bobos, des bons radio à faire, des ordonnances... on a eu 2 patientes venues pour rien : la 1ère, une jeune, accident de voiture la veille (léger, juste un petit choc, elle n'est pas allée à l'hôpital sur le coup), qui vient parce qu'elle a mal à l'épaule au niveau de la ceinture de sécurité. A l'examen clinique, rien d'apparent (pas d'hématome, pas d'écchymose), quelques douleurs musculaires à la palpation et à la mobilisation. En somme, des courbatures normales, rien à faire de spécial. On va quand même voir l'interne pour savoir quoi faire : elle fait chier ? vous lui mettez une écharpe et la programmez pour une consult' en traumato dans quelques jours, ça la fera chier plus que nous. Ok ! 2ème patiente : fracture des côtes il y a quelques jours, mais a appelé le SAMU "parce qu'elle avait l'impression d'avoir des ressorts qui lui rentraient dedans en dormant". Le régulateur lui a dit de venir aux urgences... résultat ben elle avait effectivement un peu mal au niveau des côtes, et en plus au niveau des épines iliaques postérieures (sur l'os du bassin, rien à voir, cherchez l'erreur ! elle a peut être cru que les côtes descendaient jusqu'au pelvis...). On va voir l'interne, il regarde les radios, impossible de retrouver les fractures sur les radios (diagnostiquées par un radiologue en ville). Finalement, au revoir madame, c'est normal d'avoir mal quand on a des côtes cassées, prenez vos antalgiques on ne peut rien faire de plus.
Sinon, un patient (19 ans) qui était là pour une clavicule cassée lors d'un AVP (accident de la voie publique), qui était dans la chambre de sa copine (elle aussi dans l'accident) après avoir été pris en charge, mais elle attendait encore des résultats d'examens. Ses parents à elle étaient là aussi, tous étaient gentils. En passant dans le couloir ils nous appellent, le garçon avait fait un mauvais mouvement et avait très très mal (au point qu'il était en sueur, tout blanc, limite à syncoper). On l'a mis en position semi-assis sur la table d'examen, et sommes partis voir l'interne savoir si on pouvait lui passer des antalgiques. On tombe sur l'externe de D3, on lui demande ce qu'on peut faire "bah il a mal c'est tout c'est comme ça quand on se casse quelque chose !". Merci pour l'humanité... finalement l'interne a dit qu'on avait bien réagi mais qu'on ne pouvais pas lui redonner d'antalgiques puisqu'il en avait eu 2h avant. Mais le patient allait déjà un peu mieux.
Après la 1ère expérience du matin, l'interne nous a laissé faire toutes les sutures de A à Z, c'est à dire préparer le matériel, faire l'anesthésie, et suturer, sans qu'il soit là. Mon ami ne voulait pas le faire puisqu'il n'avait pas pratiqué sur pied de cochon et préfèrait donc observer et me passer tout ce dont j'avais besoin (une fois les gants enfilés, je ne peux toucher que ce qui est stérile). C'est donc moi qui m'y suit collé pour les 2 autres patients. Le 1er, un vrai boulet, accident de quad pour cause d'alcoolémie (je ne me souviens plus du taux, mais bien imbibé), ne voulait pas qu'on lui suture sa petite plaie à la main, et après la suture ne voulait pas attendre l'avis de l'ORL et son scanner cérébral pour son otorragie (saignement de l'oreille). Il a donc essayer de se sauver plusieurs fois, à tel point qu'on a dû appeler la sécurité pour le ramener. Pour sa suture, pas trop de problème, 2 petits points pas plus.
Le 3ème patient lui était super cool, dès le début il s'est mis à plaisanter, sur le fait qu'il s'était coupé entre le pouce et l'index (et bien !) en faisant la vaisselle, chose qu'il s'était juré de ne jamais refaire ! Il nous a bien fait rire. Par contre, malgré 2 seringues 1/2 de lidocaïne (anesthésiant), il sentait toujours quand je passais l'aiguille ! C'était un peu gênant et déconcertant parce qu'il avait mal. Heureusement il était vraiment cool. Je lui ai donc fait 4 ou 5 points après que l'interne ait vérifié qu'il n'y avait pas de lésion nerveuse ou de tendon sous-jacente. Après quoi, nous sommes allés manger, il était bien 22h30 déjà.
En revenant, une dame de 79 ans avait été amenée à cause d'une chute en se relevant de sa chaise, elle avait une belle plaie du cuir chevelu d'au moins 4 cm. Cette fois pas de suture, juste des agrafes (1ère fois qu'on en mettait, pas très concluant. Enfin c'était pas trop mal mais on n'était pas très contents de nous). Mon ami est parti (il finissait à minuit, lui), j'étais donc seul pour trouver l'étiologie (la cause) du malaise. Bilan étiologique qui comprend donc (en plus de l'examen clinique bien sûr) : ECG, dextro (pour vérifier la glycémie), test d'hypotension orthostatique (la baisse de tension provocant la sensation de vertige que l'on a quand on se relève trop vite). Pour l'ECG, j'ai dû demander à la PH de médecine puisque mon interne m'a ri au nez quand je lui ai montré (c'est un chir, ECG = trop intellectuel XD). En fait, cette patiente faisait une ACFA (arythmie complète par fibrillation auriculaire, arythmie que j'avais déjà repérée à l'auscultation). Glycémie normale et pas d'hypotension orthostatique. Je vais revoir la patiente, redemande ses antécédents, et l'ACFA était bien nouvelle. Je vais donc voir l'interne, qui ne s'emmerde pas et me dit de la refiler côté médecine. La PH me répond qu'elle n'a pas de place, qu'il faut que je bip l'interne de cardio pour savoir quoi faire. L'interne de cardio (super sympa au téléphone) me répond qu'elle n'a pas assez de place pour la prendre, qu'il faut attendre le bilan biologique de la dame avant d'entamer le traitement anticoagulant (le problème de l'ACFA c'est que le coeur ne se contracte pas bien et donc le sang peut stagner et former des caillots, qui peuvent après boucher un vaisseau). Heureusement devant mon désespoir pour trouver quoi faire de cette patiente (il fallait bien l'hospitaliser quand même !), la PH de médecine m'a dit qu'elle s'en occupait. Merci madame !
Entre deux, un jeune homme de 28 ans était arrivé avec les pompiers/SAMU, AVP voiture, lui avait près de 3g d'alcool si mes souvenirs sont bons, c'est lui qui conduisait, et malheureusement son ami est mort sur le coup. Lui était conscient, et une fois stabilisé il a été envoyé en radio pour un scanner corps entier et radios du membre supérieur droit (lui tout ce dont il se plaignait, c'était de son petit doigt). Mon rôle était de surveiller ses constantes (pouls, saturation, tension) pendant ces examens, au cas où. Et finalement, il s'en ait tiré avec quelques contusions, le 5ème doigt cassé, et une plaie de 7-8cm sur le front, suturée par l'interne "pour des raisons de rapidité" (je le comprends, il était 3h du matin !), après bien sûr m'avoir à moitié vomi dessus, n'ayant pas supporté qu'on le fasse voyager jusqu'en radio. Quand on l'a transféré en réa, il n'avait toujours pas réalisé ce qui c'était passé (aucun souvenir de sa soirée). Le réveil le lendemain matin a dû être très (très) dur...
Après ça, juste un ECG à faire pour une dame qui avait eu un accident de voiture pour avoir pris plusieurs myolastan et plusieurs stilnox (toutes les 2 des benzodiazèpines) pour dormir, mais qui finalement avait voulu s'acheter des cigarettes. Apparemment des antécédents psy, et elle n'en était pas à sa première intoxication. Après elle a été transférée en médecine.
La soirée en chirurgie s'est donc terminée vers 3h30. J'aurais pu aller me coucher, mais il fallait aller jusqu'à la guérite des agents de sécurité et présenter la carte d'identité pour avoir la clé de la chambre. Et puis, comme c'était la 1ère, j'ai préféré rester jusqu'au bout. Du coup, j'ai aidé la pauvre interne de médecine qui n'en pouvait plus (et vous la journée chargée en médecine, on la comprend !), puisque l'externe de médecine était partie dormir, elle. L'interne était très gentille et m'a fait faire plusieurs ECG, des examens, enfin des petits trucs. De quoi se tenir occupé !
J'ai eu l'occasion de discuter avec un ufologue. Un homme connu du service, qui boit seul chez lui, appelle les pompiers, qui l'amènent aux urgences, et lui est content parce qu'il peut discuter et voir des gens. Les infirmiers/infirmières m'ont conseillé d'aller lui parler pour connaitre ce monsieur. En fait, l'ufologie, c'est le fait de croire en l'existence d'une vie extra-terrestre. Lui était même persuadé qu'il y en avait parmi nous. C'était bizarre mais intéressant comme discussion.
Les 2 dernières heures ont été les plus longues, mes yeux se fermaient tout seul. Je suis finalement rentré à 8h30 et suis monté me coucher directement. J'ai dormi d'une traite jusqu'à 17h, et contre toute attente, j'ai bien dormi cette nuit aussi !
Ma 1ère garde a donc été une bonne expérience dans l'ensemble. Le plus dur a été de prendre ses marques au début. Je pense quand même que je préfèrerai être en médecine la prochaine fois, ça avait l'air plus riche et plus intéressant. Parce que là à part des petites plaies et des petites fractures/entorses/luxations on n'a pas vu grand chose finalement. Ce qui m'a le plus marqué (à part l'histoire du jeune homme de l'accident de voiture), c'est le fait qu'il faille "négocier" pour avoir un scanner (pour les radios pas de problème), en gros il faut vraiment avoir de bons arguments pour que le radiologue/l'interne de radio accepte de faire l'examen. Et la 2ème chose, c'est le fait que ce sont les internes qui doivent gérer la logistique, c'est à dire où placer les patients qui ont besoin d'être hospitalisés (cf. par exemple l'histoire de ma patiente à qui on a découvert l'ACFA). Côté chirurgie ça allait puisque la plupart des patients repartent tout de suite, mais en médecine c'était la grosse galère, à tel point que l'interne a passé 3h pour placer un patient. Super le temps perdu pour un truc qui pourrait être géré par le personnel non-médical, et qui est fait au détriment de l'exercice de sa vraie fonction, à la base, être médecin, soigner des gens.
Voili voulou, ma 1ère vraie expérience du métier. La 2ème a lieu un samedi (13h-minuit), mais aux urgences d'un autre hôpital cette fois. J'ai hâte d'y être !
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