mardi 30 mars 2010

eh oh, eh oh...



         Nasal septum, par facialsurgery.com



Pour une fois rentré plus tôt (avant 19h quoi...), je vous écris un petit article. Il faut bien quand même que je partage un peu plus sur mon stage, sinon à quoi sert ce blog ? Je vais donc vous raconter un peu l'activité du service au travers de quelques petites anecdotes, à reculons puisque je me souviens mieux de ce que j'ai fait aujourd'hui que ce que j'ai fait il y a 3 semaines !


Le mardi, je l'ai probablement dit dans mon précédent article, c'est le jour des "gros blocs". Autrement dit, les interventions qui vont durer un moment. Il y a 2 salles, on opère donc 2 patients dans la journée. 

Aujourd'hui, on reconstruisait la charpente du visage d'un monsieur, hospitalisé depuis quelques semaines pour une tentative de suicide à la chevrotine. Grossièrement, on ouvre au niveau du cou pour libérer ce qu'il reste de la mâchoire, on cherche les vaisseaux (artères, veines et nerfs), puis on va prélever de l'os (en fait un lambeau, c'est à dire qu'on prend de l'os avec les tissus adjacents et les vaisseaux) au niveau du péroné (le petit os de la jambe, à côté du tibia), on le "façonne" pour refaire la forme de la mâchoire, puis un vient placer ce lambeau à sa nouvelle place, on "connecte" les vaisseaux entre eux (sutures au microscope), et on referme. Ce type de chirurgie est relativement fréquent dans le service.


La 2ème opération d'aujourd'hui était plus spéciale. Il s'agissait d'un jeune homme (à peine plus âgé que moi) souffrant d'une maladie génétique du nom de maladie de Von Recklinghausen ou neurofibromatose de type I. Pour information, on pensait à l'époque qu'il s'agissait de la maladie dont souffrait Joseph Merrick (plus connu sous le pseudonyme d'Elephant Man). Ce jeune homme avait donc une tumeur très volumineuse, partant d'un côté du visage et pendant jusqu'à l'épaule. bien évidemment toutes les structures osseuses sous-jacentes étaient déformées également. Le but était donc de retirer cette tumeur, et éventuellement si le 1er temps n'était pas trop long, de reconstruire, comme pour le patient précédent. Seulement, si ça parait simple présenté comme ça, il faut bien imaginer que cette tumeur est un tissu et donc qu'elle est vascularisée. En effet, elle était traversée par une artère aussi grosse q'une carotide. Le risque opératoire était par conséquent très important, parce qu'une tumeur, ça saigne. Et ça a saigné... Au total, 15 culots (les poches de sang à transfuser) ont été passées. Malheureusement, si dans les 1ères heures les problèmes étaient à peu près sous contrôle, la situation s'est brutalement compliquée et malgré tous les efforts de tous les réanimateurs présents, le patient est décédé sur la table. C'est une sensation bizarre qui vous habite, ce n'est jamais agréable de perdre un patient (c'est un euphémisme...), mais quand en plus il est aussi jeune que vous... Au point où ça en était, les chirurgiens ont terminé l'intervention malgré tout.


Heureusement, ce n'est pas le quotidien du service.
Dans les autres patients "marquants" on peut citer :
 - un père de famille, dont le voisin pensait que c'était lui qui avait coupé les branches de ses arbres (t'imagine le sacrilège !) et qui vient lui dire "merci" à coups de pioche... on lui a retiré un oeil.
 - le vieux monsieur souffrant d'un carcinome épidermoïde (cancer de la peau) au niveau de l'oreille, on lui a retiré l'oreille.
 - la demoiselle (dans les 13-14 ans), souffrant d'une maladie congénitale et dont la branche montante de la mandibule (une partie de la mâchoire) était pathologique, on l'a remplacée par un métatarse (oui oui, c'est bien un des os du pied)

J'en oublie probablement, c'est le problème de ne pas écrire régulièrement... mea culpa !

Sinon dans les chirurgies courantes de ce service, on retrouve donc quelques reconstructions de mâchoires, des réductions de fractures (mandibule, malaire, plancher de l'orbite, os propres du nez, maxillaire... révisez votre anatomie !), des parotidectomies (on retire la parotide, glande salivaire située en arrière de la mandibule) notamment en cas de cancer, rhinoplastie...


Après il y a aussi pas mal de chirurgies sous anesthésie locale, du type exérèse de tumeurs cutanées (selon la surface retirée, on fait une greffe de peau), dermabrasion laser ou mécanique (pour essayer de faire disparaitre les séquelles d'acné par exemple), lifting (peut être sous anesthésie générale, ça dépend du type de lifting), blépharoplastie (plastie des paupières, par exemple si avec l'âge vos paupières supérieures tombent un peu trop, ou si les paupières inférieures font des poches sous les yeux...), injection de toxine (Botox)...

C'est intéressant, mais nous, en tant qu'externes, on ne fait pas grand chose. On tient des écarteurs, on coupe les fils, parfois on suture... mais la plupart du temps on essaye tant bien que mal de voir quelque chose. Et surtout, on finit beaucoup trop tard. Les jours où ça va bien, je rentre à 18h45 à peu près. Mais ça peut aller jusqu'à 20h. La plupart du temps pour rien, juste parce qu'il faut qu'on assiste à la contre-visite du soir. Le plus drôle, c'est quand tu te prends des réflexions parce que tu pars à 19h15 alors que tout le monde (enfin les médecins) sont encore là.
Ce midi j'ai mangé avec 2 amis en stage en ortho, ils avaient fini leur journée (vers 14h). Moi, j'en étais à la moitié. On a le même statut, les mêmes examens dans 3 mois, le même salaire...

Voilà, j'espère que vous serez heureux d'avoir quelques mots à vous mettre sous la dent ce soir. J'aimerais vous promettre d'écrire plus souvent, mais quand je rentre après le stage en général, j'ai trop la flemme pour réfléchir et écrire un (bel ?) article !









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