jeudi 6 octobre 2011

System Failure

                                                                          System Failure, iLenny

Des nouvelles s'imposent, et sont d'ailleurs réclamées de toute part. Des nouvelles, et quelles nouvelles !

Vous le savez, en août avaient lieu les examens de deuxième session, autrement appelés "rattrapages". Je vous faisais part dans mon précédent article du ressenti plutôt médiocre que j'avais vis à vis de l'épreuve d'urologie et néphrologie. Et bien mes doutes se sont confirmés il y a maintenant 2 semaines : j'avais bel et bien planté l'épreuve. Le corollaire de ce constat n'est malheureusement que trop évident : je redouble donc mon année de D3.


Il est assez amusant (a posteriori...) de se rendre compte qu'une nouvelle pareille vous fait passer (ou en tout cas m'a fait passer) par les différentes étapes du deuil, dans sa définition la plus large étant la perte définitive d'un "objet" auquel on tient. Je vous laisse vous amuser à retrouver ces différentes étapes émotionnelles si ça vous intéresse, une multitude de sites internet vous les listeront.

Aujourd'hui, je vais donc bien, merci. Certes, je m'en serais aisément passé, mais on vit avec. Le plus dur est de se remotiver pour se remettre au boulot pour ne pas faire les mêmes erreurs, voire radicalement changer d'objectif et de façon d'aborder cette fausse nouvelle année.

Et c'est finalement là que le bât blesse réellement. Pour information, j'ai redoublé cette année pour une mauvaise note en néphrologie. La règle du jeu était de valider toutes les matières avec minimum 10/20. Je persiste à dire que c'est vraiment dommage de faire redoubler un étudiant pour si peu, dont le dossier est plutôt bon et qui s'investit réellement dans son travail. Mais bon, le "jury est souverain". Alors soit. Imaginons que ce soit pour "a greater good" et nous permettre de mieux faire, d'avoir des connaissances plus solides voire être plus prêt pour l'ECN (Examen Classant National). C'est la réponse que vous obtenez globalement quand vous cherchez à comprendre "pourquoi" (enfin, quand vous obtenez une réponse).

Je sais que nous sommes à la fac, et que la fac est synonyme généralement de "démerde-toi". Très peu de contraintes par rapport aux IUT, BTS ou autres prépa et écoles, beaucoup moins scolaire, moins fliqué, mais la contre partie c'est qu'il faut fournir un travail personnel et autonome beaucoup plus important pour se former et apprendre. Mais j'aime cependant à penser que la fac de médecine ne répond pas totalement à ces caractéristiques. A la différence des autres facultés, nous y avons une formation professionnalisante, c'est à dire que ceux qui font médecine... finissent médecins. Quand vous allez en fac de droit, ou en bio, vous ouvrez la porte vers des tas de métiers différents en fonction du niveau d'étude, de votre parcours. Et bien souvent, vous n'apprenez pas votre métier, mais les bases théoriques qui servent à pratiquer tel ou tel métier. La formation professionnelle se fait après, par exemple dans les écoles de magistrature, ou même sur le tas en travaillant. Nous, on nous apprend les bases théoriques aussi, mais on nous apprend surtout notre métier (j'espère avoir été assez clair dans mes explications pour que vous compreniez la différence qui me paraît fondamentale).

Et au risque de sombrer dans le corporatisme bien souvent reproché au corps médical, j'aime l'idée "à l'ancienne" (comprendre, comme dans la Grèce antique d'Hippocrate par exemple) de la transmission du savoir et de l'expérience du médecin à son élève. Ainsi, je ne peux pas comprendre qu'on se lance dans une carrière d'enseignant sans aimer transmettre ses connaissances. Dans un monde idéal, les Professeurs Universitaires et aux Maitres de conf et Chefs de Clinique-Assistants (voire Praticien Hospitalier Universitaire), choisiraient tous d'embrasser ces carrières par simple désir de transmettre aux jeunes (oui je sais je rêve...).

Là où je veux en venir avec ces 3 derniers paragraphes (parce que je sens que je commence à vous perdre), c'est que je ne comprends pas que l'on fasse redoubler un étudiant en médecine, pour simplement le laisser livré à lui même et lui donner pour seule réponse "Vous n'avez pas validé la néphro. Le jury est souverain, vous redoublez". A quoi sert un redoublement si l'équipe pédagogique ne fait rien pour aider l'étudiant en défaut à mieux faire ? Je ne tiens pas à ce qu'on me prenne par la main et qu'on soit constamment sur mon dos. Mais là, RIEN n'est fait.

Si j'étais assesseur du second cycle dans une faculté de médecine (c'est à dire en gros le responsable éducatif des étudiants de 4ème, 5ème et 6ème année de médecine), je pense que le minimum à faire serait de prévoir suite aux résultats une entrevue avec chaque étudiant, afin d'analyser ce qui n'a pas été, ce qui est à retravailler plus particulièrement, et proposer un suivi régulier (pas toutes les semaines, mais 3-4 fois dans l'année). De faire le point sur les difficultés rencontrées par l'étudiant, et de proposer des solutions.

Pour information, j'ai rencontré mon professeur d'urologie suite aux résultats pour revoir ma copie. Je suis tombé sur un homme intelligent, qui partageait exactement ce point de vue. Qui s'est lui même remis en question devant moi, pauvre petit étudiant de 5ème année. Lui est PU-PH, chef de service, chirurgien. Il s'est dit s'interroger sur la qualité des cours qui ont été fait, cherchait à savoir si de leur côté (comprendre côté enseignants) ils avaient merdé quelque part. Je précise que je n'y allais pas dans cette optique là, j'assume pleinement la responsabilité de mon échec. Bref, je suis tombé un homme intelligent, un de ceux qui aiment leur métier d'enseignant.

La preuve pour moi la plus flagrante de de l'échec du système actuel proposé par la fac, que je pourrais comparer à la technique de l'autruche, c'est la proportion impressionnante de triplants, parmi les étudiants qui comme moi ont été recalés. Je ne nie pas une seconde que certains étudiants n'en branlent pas une, mais avoir entre 30 et 40% de triplants parmi les étudiants ajournés, ça signe, pour moi en tout cas, l'échec d'un système qu'il faut absolument changer.

Le but n'est bien sûr pas de tomber dans l'assistanat, je déteste ça. Mais nous nous destinons à exercer un métier difficile, alors autant bénéficier pleinement du savoir et de la compétence de nos maîtres, puisque dans quelques années nous serons leurs confrères, et qu'ils nous enverront alors des courriers mielleux. Aujourd'hui nous sommes considérés comme de la merde (j'aimerais vous mettre en copie le mail reçu de l'assesseur en réponse à mes interrogations comme preuve à ce que j'avance, mais vous imaginez bien que c'est un peu risqué). Pourtant, dans quelques décennies ce même grand monsieur sera bien heureux d'avoir un petit con comme moi pour le soigner quand il sera vieux et croulant.

Je suis un médecin de demain, et il est malheureux de voir aujourd'hui le peu d'investissement de certains enseignants, et le peu de considération qu'ils ont à notre égard. Je dis bien certains, parce qu'heureusement, il y en a qui ont gardé la tête froide et restent passionnés par ce qu'ils font, comme au premier jour.

Tout comme je le suis.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

l echec est difficile à digérer surtout lorsque c est une première fois ; cela fait aussi murir, et il faut voir cela comme un mal pour un bien, peut etre seras tu mieux noté et pourras tu de ce fait mieux choisir ton lieu d internat..
c est vrai que certains profs médecins, considèrent les jeunots comme de la m... ces médecins sont souvent, dans la vie courante, peu ampathiques, très qualifiés et très compétents , certes mais qui croit avoir la science infuse, qui font fis de l écoute du patient ou de l éléve, et qui ont vite oublié qu ils etaient a ta place il y a quelques années.. avoir une tête pleine, avoir beaucoup de connaissances, de comptétences, de dexterité est evidemment crucial mais cela ne fait pas tout, surtout et particulièrement dans ce métier !

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