mardi 12 octobre 2010

Pensée du soir

                Manifestation à Compiègne, Dominique Touchart

Aujourd'hui, dans le service de pédiatrie dans lequel je suis en stage depuis la semaine dernière, une aide-soignante a dû venir à pied depuis une route au nord de PetiteVille jusqu'à l'hôpital (environ 3km), après avoir garé sa voiture sur cette même route

Aujourd'hui, un papa était inquiet parce qu'il devait ramener son fils chez lui à MicroVille (40 minutes de PetiteVille en temps normal) puis revenir à PetiteVille pour TRAVAILLER.

Aujourd'hui (et depuis hier), il a fallu batailler pour qu'une petite de 10 mois puisse avoir un examen qui était prévu depuis longtemps, mais qui avait été annulé par une personne-mystère hier au téléphone avec la maman (sans que l'on puisse jamais retrouver qui...), parce que cette famille habite MiniVille (100km de PetiteVille) et que ce n'était franchement pas correct-slash-intelligent de les faire revenir vendredi.

Aujourd'hui, il y avait grève (et peut être demain aussi. Et les jours suivants...)



Alors je ne reviendrai pas sur les raisons de cette grève que nous connaissons tous, le but ici n'est pas de juger cette réforme. Je ne veux parler aujourd'hui que de la forme.


Déjà, les manifestations commencent à me sortir par les trous de nez (pour rester bienséant). En France on est très fort pour ça. Au moindre problème, manif ! C'est dire la crédibilité de la chose... Le problème est un peu le même que celui d'Esope avec "Le garçon qui criait au loup". A force des faire des manifs à tout va pour un peu tout et n'importe quoi, celles pour les choses *vraiment* importantes se fondent dans la masse.

Mais à la limite, tant qu'elles restent calmes, passe encore.


Mais alors, quand on commence à toucher à la liberté de chacun, de choisir d'aller travailler ou non, de faire grève ou non, je bondis. Je comprends évidemment que l'on veuille défendre ses intérêts personnels une cause, et que l'on puisse être désespéré de ne pas être écouté, ou en tout cas de penser qu'on ne l'est pas. Mais je regrette, bloquer une rocade, bloquer un rond-point, bloquer un carrefour majeur du centre-ville, non, c'est inconcevable.

Empêcher les autres d'aller travailler s'ils en ont envie, je ne peux pas comprendre (et par la même occasion, je ne peux le supporter).

Premièrement, il y a des gens pour qui aller travailler signifie gagner de l'argent, et dont la moindre perte de salaire, même d'un jour ou deux, met en danger la situation financière familiale. Qu'on soit d'accord, une journée de perdue pour un smicard (au taux du 1er juillet 2010), c'est 43€ bruts de perdus. 86€ si ça dure 2 jours (et visiblement c'est bien parti pour). 172€ si papa et maman sont les deux smicards et bloqués. Vous suivez le raisonnement... Et peut être même que papa maman sont contre la réforme, et qu'ils voudraient faire grève, mais ils ne peuvent pas. Sinon, Loulou et Louloute n'auront pas assez à manger à la fin du mois.

Et deuxièmement, même si toutes les familles ne sont heureusement pas tant dans le besoin, la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1789 dit, dans l'article 4, "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Ou le proverbe bien connu : "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres".  Quel droit ont donc ces grévistes d'empêcher les autres d'aller travailler ? Ou même au-delà, de se déplacer où ils en ont envie, même si c'est pour faire du shopping ? Et quand bien même ils en auraient le droit, à part faire chier le monde (et par monde j'entends en fait "peuple", parce que je ne suis pas sûr que ça atteigne personnellement Sarko dans sa chaise Louis XV), ça sert à quoi ? Est-ce vraiment comme ça qu'ils vont faire avancer les choses ?

Ces personnes prétendent vouloir faire bouger les choses, mais en fin de compte commettent des actes qui sont répressibles, surtout dans un pays comme la France, qu'on décrit souvent comme le pays des libertés... Je ne parle pas de répréhension dans le sens "légal" du terme, mais plutôt dans un sens disons plus philosophique et humaniste, si j'ose dire. On n'est pas en Corée du Nord, merde ! (au diable la bienséance)


Et puis, je ne veux dénigrer aucun corps de métier ou secteur d'activité, mais nous travaillons quand même à l'hôpital. Ça va faire un peu racoleur et démagogue (et exagéré), mais merde, on se lève le matin pour aller sauver des vies ! En tout cas soigner les gens. Et actuellement dans mon cas, des enfants. Alors empêcher le personnel soignant d'arriver à l'hosto, quelle qu'en soit la raison, c'est, si je peux me permettre sans offenser personne, encore pire ! (A la limite, si votre banquier vient pas bosser, y'a pas mort d'homme. Quoique, ça pourrait peut être provoquer une nouvelle crise, c'est à la mode ces derniers temps).


Vous l'avez compris, je suis plutôt remonté contre cette minorité qui emmerde la majorité, bien que je n'ai personnellement pas vraiment été exposé à leurs agissements. C'est d'ailleurs aussi bien, parce qu'étant en général sujet à une humeur maussade au réveil (mais d'amélioration heureusement rapide et nette, enfin je crois), je pense que si un péquenot m'empêchait d'aller bosser alors que je me suis levé tôt je le tuerais à mains nues. Vraiment.



Pour finir, et comme je ne peux pas (non plus) supporter la tête (en particulier sa coupe de cheveux) de Bernard Thibault, je retoucherais juste un peu le proverbe, pour le remettre un peu au goût du jour en ce début du 21ème siècle :

"La liberté des uns commence là où s'arrête celle de la CGT".

C'est nul, je sais. Mais ils me fatiguent...



PS : Personnellement, j'admire l'aide soignante venue à pied après avoir abandonné sa voiture sur la route. Il faut quand même bien penser qu'elle commençait le boulot à 13h pour finir à 21h. Je pense qu'à cette heure là, il n'y avait plus grand monde sur la nationale, et qu'elle ne devait pas faire la maline seule dans la nuit pour récupérer son carrosse, si tant est qu'il soit encore là et en bon état...


PS2 : On a quand même pu arranger l'histoire de cet examen pour la fillette. Heureusement que certaines personnes gardent une conscience professionnelle à toute épreuve et sont là pour rattraper les conneries des autres...


PS3 : Il faut savoir que même les ambulances ne pouvaient passer les barrages. Je parle des ambulances privées (et je tiens ça d'une ambulancière), je pense quand même que les véhicules du SMUR et des pompiers pouvaient passer !


PS4 : je sais c'est pas bien de se moquer gratuitement, mais un peu de mauvaise volonté ça fait du bien des fois. Je vous laisse donc admirer cette pancarte moche, incompréhensible, et ornée d'une magnifique faute d'orthographe.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

alors moi : "je vais faire grève contre les grévistes !
que dire de personnes censés défendre des valeurs sociales, les droits des salariés, bloquant et empéchant de bosser d autres salariés ! censés défendre les salariés les moins lotis, puisque on arrète pas de parler de pénibilité, de retraites basses etc...
que dire de personnes qui prennent des salariés en otage pour se faire entendre ! des salariés qui n ont pas eux les moyens de faire gréve ! tout simplement comme il a été dit plus haut, parce que une journée de travail pour un salarié rémunéré au smic , c est 60,70 euros , que 2 journées ça lui fait un caddie pour sa famille au supermarché !
empécher de bosser en bloquant les transports, les raffineries etc.c est faire perdre une journée de travail à la mère de famille qui doit garder ses enfants à la maison , c est faire rater des entretiens d embauche aux chomeurs etc... parce que les grévistes , eux , ont pour la plupart du boulot, des cdi, et qu un intérimaire, un salarié en cdd, un salarié en contrat pro, bref tous les emplois précaires qui caractérisent notre pays actuellement, risquent lorsque le mouvement de gréve se reproduit, persiste, de perdre leur boulot , d avoir un blame....parce qu ils arrivent en retard ou ne peuvent pas arriver sur leurs lieues de travail carrèment !
les grévistes sont pour la plupard des fonctionnaires ou des salariés qui peuvent se permettre la grève, ils ne risquent pas leurs emplois et pour un certain nombre d entre eux, prennent sur leur rtt pour ne pas perdre d argent !
je ne suis pas contre la gréve ! evidemment que je n ai pas envie de partir a la retraite a 65 ans ! qui le souhaiterait ? si il y avait un reférendum , je suis sure que 100% des français souhaiteraient partir a 60 ans, mais il y a surement d autre manière de se faire entendre dans ce pays ! que d entraver la liberté d autrui ! la liberté de ne pas avoir envie de faire grève , comme la liberté d etre d accord mais ne pas pouvoir le faire !

liberté, egalité, fraternité, les 3 mots qui représentent notre pays ne sont pas à l honneur quand on voit le cahot qui s installe dans notre pays à chaque fois :
liberté ? ce n est pas un mot connu des grévistes
égalité et fraternité ? quand on voit les mouvements de violence que ces grèves finissent par engendre, à cause de tension, de raz le bol général !
et pour finir, je me permettrais de dire aux grévistes : "croyez vous réellement que vous atteignez les hommes politiques en bloquant le malheureux travailleur ? " lui, le politique ne prend pas le métro, il a son chauffeur, et son jet
croyez vous que vous atteignez les hommes politiques en bloquant les écoles ? lui , le politique a ses enfants dans le privé !
croyez vous que vous atteignez le gouvernement en empéchant un malade d avoir des soins ? lui, le politique va à l hopital militaire ou il aura les meilleurs médecins et on pourra même venir le chercher en hélicoptère.......
le droit à la gréve est un acquis à ne pas remettre en question evidemment mais il y a surement d dautres moyens de se faire entendre ... et surtout laisser le choix aux autres...
voila ! ouf ! merci apprenti docteur, ça fait du bien ......

birg.....

Chantal a dit…

Tout à fait d'accord avec vous. Combien de fois, lorsque j'étais étudiante à la fac, j'ai eu des problèmes pour aller aux cours parce que les lycéens manifestaient au point de bloquer toute la ville, bizarrement jamais le vendredi et lors des vacances.

Il y a trop de grève en France. Vous ne savez même pas quelle chance vous avez d'en pouvoir faire. en Allemagne, la grève est illégale en-dehors une période bien spécifié: lors des négociations de rémunérations entre les syndicats (un par branche de secteur) et le représentant du patronat.

Les fonctionnaires n'ont aucun droit de grève. En-dehors du cadre prévu par la loi, toute grève est poursuivi pénalement et le gréviste sera licencié immédiatement (à moins que l'employeur à un bon cœur). Nuance, la grève est ici le dernier moyen de pression car si le syndicat déclenche une grève, c'est à lui d'indemniser les gréviste pour leur perte de salaire. Si les syndicats français devraient verser une indemnisation à leur membres grévistes, je pense qu'il y aura moins de grève en France.

Par contre, lors de la grève allemande, les grévistes n'ont pas le droit (sous peine de poursuites) d'empêcher les non-grévistes d'aller travailler, s'il faut la police doit assurer aux derniers de s#y rendre à leur lieu de travail. Aussi, il est interdit (et poursuivi pénalement) de prendre en otage la direction ou ses supérieurs lors d'une grève (ce qui arrive parfois en France).

En France, les gens sont libres, bien plus qu'ailleurs mais ils utilisent cette Liberté mal, en gênant celle des autres d'où la Liberté en danger.

Quand à l'âge de la retraite: l'age légal est de 65 ans, sous la présidence Mitterrand, les gens pouvaient partir avec 60 ans sans perte de droits pour laisser la place aux jeunes et ainsi faire baisser le taux du chômage.

Deux décennies plus tard, ce système est en échec. Le ch^mage ne s'est pas resorbé et les caisses sont plus vides que jamais. Partout, les pays memebre de l'UE augmentent l'âge de la retraite et une partie des Francais n'en veulent pas s#adapter aux nouvelles données économiques.

En Allemagne, l'âge légal est de 67 ans décisions sous le chancelier Schröder SPD (équivalent du PS en France). Avant il était de 65 ans, partir avant même ayant tous les années de cotisation signifiez une perte de droit - sauf en cas d'incapacité de travail. Il y a 4 ou 5 ans, une discussion fut ouverte d'augmenter encore le départ à la retraite avec 71 ans. Mais comme en même moment, une autre discussion importante et contradictoire (avec l'autre puisque leur point en commun est l'aptitude physique) - retirer le permis de conduire à tous à partir de 65 ans - les gens ont soulever la questions si ils sont apte à aller travailler jusqu'à 71 pourquoi alors pas pour conduire? Ainsi les deux discussion sont disparues mais peuvent toujours revenir.

Bon courage en France et bonne soirée

Anonyme a dit…

ah oui ! je ne savais pas du tout que cela se passait comme cela en Allemagne !
faudrait vraiment qu en France, on arrête de se regarder le nombril , de se plaindre et voir ce qu il se passe ailleurs !

Romain_ a dit…

Oh que j'aime ton billet!
Je suis du début à la fin à 100% d'accord avec toi, vraiment, tout, même la coupe de cheveux de l'autre guignol!!!!!

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