Duo de gardes au SMUR

                                                             Parano ?, B N C T O N Y

Je ne pensais pas raconter ces deux gardes consécutives au SMUR de la semaine dernière, étant plutôt pauvres en sorties. Et puis finalement, je me suis dit que ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas publié d'article, et que de toute façon, l'idée initiale était de partager ma vie d'étudiant en médecine. Donc même s'il n'y a pas eu d'accident de train ou de méga-carambolage-de-la-mort, voici le récit de 27 heures (et non 127...) passées au Samu, à attendre que le devoir appelle.

Et il ne tarde pas.

Un premier départ pour un vieil homme insuffisant respiratoire qui serait inconscient. Il faut savoir que tout le monde n'a visiblement pas la même notion d'inconscient. Du haut de mes 10 petites gardes de SMUR, il n'y a qu'une fois ou la personne était réellement inconsciente. Et ce n'était pas le cas cette fois. A notre arrivée, Papy est assis dans son salon, les pompiers l'ont mis sous oxygène parce que la saturation n'était pas terrible, mais là ça va mieux. Au final, on ne le médicalisera pas, il sera emmené par les pompiers à l'hôpital pour faire quelques examens mais c'est tout.

Retour à la base pour se régaler d'un succulent repas préparé avec amour par les cuisiniers de l'hôpital. C'est juste au moment d'entamer le fromage (qui constitue avec le dessert la seule valeur sûre du repas : un fromage Président est un fromage Président, une Danette reste une Danette !) que le bip retentit une nouvelle fois. Cette fois, nous partons pour une homme souffrant d'une douleur thoracique. Au final, la douleur n'est pas typique et a disparu à notre arrivée, l'ECG ne montre rien de particulier, le seul problème est une tension élevée, sachant qu'il est traité pour ça depuis peu. Direction l'hôpital, mais le cas est tellement critique que le médecin confie le transport au "médecin externe" (autrement dit, l'externe tout court) et préfère rester en voiture avec les collègues. Evidemment, rien de particulier ne se produit pendant le transport.

La troisième et dernière sortie de cette garde a lieu vers 2h du matin. On ne va pas bien loin, et cette fois c'est en AR (Ambulance de Réanimation) qu'on y va. Autrement dit, le petit externe est exilé à l'arrière du camion, puisqu'il n'y a que 3 places à l'avant. Par conséquent je ne sais pas sur quoi on part... Au final, c'était un homme d'un peu moins de 50 ans qui faisait un AVC. Là ça rigole pas, mais quand en plus toute l'équipe connait le patient, la tension est palpable...

A noter que je n'ai aperçu aucun autre externe lors de cette garde, et que la feuille de présence n'a pas été signée. Autrement dit, c'est la 2ème fois que je me retrouve à faire une garde de SMUR tout seul, même si cette fois ça n'a fait aucune différence vu le peu de sorties...

La 2ème garde le lendemain a été elle beaucoup plus calme. En effet, à part un "faux départ" en début de soirée, la seule sortie a été pour une douleur thoracique vers 5h du matin.

Deux gardes donc, comme je le disais, plutôt calmes voire presque ennuyeuses... A venir, une nouvelle garde au SMUR ce soir, et une garde en gynéco/obstétrique vendredi soir.


Pour conclure ce court article, je tenais à écrire quelques lignes au sujet du Docteur Alain Braillon, évincé dans des conditions plus que douteuses, pour des raisons plus que douteuses, du CHU d'Amiens en février dernier. Il était à l'origine de plusieurs plans de prévention autour de la grossesse, avait le meilleur score de publication du CHU, et avait levé plus de 500 000€ de subventions en 4 ans. Autrement dit, un bon élément, que l'on a préféré mettre au placard officiellement pour des raisons budgétaires. A noter qu'il était notamment à l'origine de la campagne "Touche pas à ma prostate" avec le Pr Dubois, qui vous l'avez compris, cherchait à communiquer sur le manque de fondement scientifique de la campagne pro-dépistage de l'Association Française des Urologues. A noter également que si l'on parle peu de cette éviction en France, on s'en inquiète par contre outre-manche, avec un article paru dans le British Medical Journal.
Si l'histoire vous intéresse, vous pouvez lire l'article du Dr Dominique Dupagne sur Atoute.org, ainsi que sur le site fakirpresse.info.